A l’origine de l’humanité les êtres se déplaçaient sur terre à quatre pattes, puis un jour voulant attraper les nuages, une espèce s’est mise debout. Elle a tendu son corps vers le ciel, elle a grandi, s’est développée et s’est mise à parcourir la planète, repoussant toujours les limites de l’horizon. Elle a inventé le feu, la roue. Un jour, elle s’est mise à communiquer : tout d’abord des cris, des gestes maladroits puis au fil du temps, son langage s’est enrichi. Au cours de ses vagabondages, d’un territoire à l’autre, elle a inventé des langues.

Aujourd’hui beaucoup de ces langues ont disparu ou se sont fondues dans d’autres. Il en existe encore qui résiste par ci, par là, dans tous les continents. En Europe, il existe une langue que nous qualifions de langue non indo-européenne. Une langue mystérieuse pour tous ceux et celles qui ont tenté de découvrir ses origines. Il a même été dit qu’elle venait des survivants de l’Atlantide. Ce qui est certain, c’est qu’elle est l’une des plus vieille langue d’Europe. A une époque lointaine, cette langue devait être parlée sur un territoire bien plus vaste qu’aujourd’hui. Pourtant malgré les conquêtes, les interdictions, l’humiliation même, elle résiste, elle vit. Des anciens, des enfants parlent cette langue, vivent cette langue. Certains meurent pour elle.

Beaucoup de peuples se définissent par leur sang, leur territoire, ici l’identité est la langue, la richesse de la diversité est dans la langue. Elle fait ce que nous sommes des « Euskaldun » (celui qui parle la langue basque). Peu importe que nous soyons blanc, noir, ou jaune, si nous nous exprimons en euskara, nous sommes basques et que nous vivions en terre basque ou à l’autre bout du monde, notre langue nous lie à nos origines. 

Un doux vent caresse les feuilles des arbres, il nous frôle de sa chaleur, il est à l’image de ma terre, chaud, violent aussi parfois. Ce vent nous vient du fin fond de l’Afrique, il traverse l’océan et l’automne arrive tel un artiste. Il repeint nos montagnes, nos forêts et, sous son souffle, ils perdent la verdure du printemps, de l’été et prennent une couleur rougeâtre, une couleur d’été indien.  Nous l’appelons « hego haizea ». Lorsque l’artiste a fait son œuvre nous voyons souvent des hommes enracinés à cette terre, faucher la fougère de nos montagnes et donner naissance tel des champignons, à des meules de fougères aux flancs des montagnes. Il a façonné durant des siècles, notre terre et continue de la façonner.

Les gens disent que ce vent nous rend fou, moi je pense qu’il met son soleil africain en nous, qu’il nous enveloppe de sa chaleur pour l’hiver. Ce vent du sud est comme nous, il nous emporte dans ses rafales, Il faut avoir connu la force et la chaleur de ce vent pour connaître la force de la nature.